vendredi 3 juin 2016

De la religion du progrès


« La religion du progrès épargne, par définition, à ses nombreux fidèles ce que Tocqueville appelait le "trouble de penser". Devant n'importe quel "problème de société" — déjà présent ou bientôt à nos portes (comme, par exemple, la légalisation de l'inceste ou l'abolition de toutes les formes de "discrimination" entre l'homme et l'animal) —, un esprit progressiste n'est, en effet, jamais tenu par les contraintes de la réflexion philosophique. Il lui suffit de répondre — avec l'aplomb caractéristique de ceux qui savent qu'ils naviguent dans le sens de l'histoire — que de toute façon la discussion n'a pas lieu d'être puisqu'un jour viendra inévitablement où l'humanité rira (c'est la formule habituellement employée par les progressistes lors des débats télévisés) de ce que l'on ait pu s'opposer à une évolution du droit aussi naturelle et évidente. » (Jean-Claude Michéa, Le complexe d'Orphée, Champs-Flammarion, p. 139)

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