mardi 12 novembre 2013

1492 sq.


« On considère la découverte et la conquête de nouvelles terres et de nouvelles îles comme une grande victoire et comme le moyen d'une formidable expansion du monde chrétien. Je pense, moi, qu'elles sont de nature à susciter la colère de Dieu. Car, en réalité, il ne s'agit d'autre chose que d'arracher au pauvre peuple sa vie et ses biens, et finalement son âme, au travers de la foi pleine d'erreurs imposée par les moines.
J'ai entendu Juan Glappion, le confesseur de Sa Majesté l'Empereur, se plaindre devant un groupe d'honorables personnes que, lors de leurs récentes découvertes de territoires, les Espagnols obligeaient le pauvre peuple à leur chercher de l'or et autres choses, en les traitant fort mal. Comme ces malheureux ne supportaient ni les travaux qui leur étaient imposés, ni les tortures qu'on leur infligeait, ils étaient pratiquement voués à la mort.
En ce qui nous concerne, que résulte-t-il de tout cela ? Combien de braves gens ont été sacrifiés, dans toutes ces expéditions maritimes ! On y a gagné beaucoup, mais ce ne sont jamais que des biens matériels, acquis au prix de terribles combats. Pompe et orgueil d'un côté, oppression du pauvre peuple de l'autre. Faire des affaires pour s'emparer de toute la richesse du monde ! On traite arbitrairement ceux qui, en travaillant dur, arrivent à peine à survivre. Et c'est cela qu'on appelle étendre et renforcer la chrétienté ? » (Martin Bucer, 1538)

lundi 11 novembre 2013

Aussi en interrogations...


Théodore Monod, déplorant pour sa part (Révérence à la vie p. 49) les développements conciliaires du christianisme sur la divinité du Christ et sur sa double nature, eût préféré, dit-il, que le christianisme s’en fût tenu à des interrogations — de type talmudique.

... On peut aussi composer avec les deux...

samedi 9 novembre 2013

Chute & mythe


"Le récit de la chute dans la Genèse a, surtout de nos jours, passé assez superficiellement pour un mythe. […] Or, ce récit de la Genèse est la seule conception où la dialectique se tienne. Tout le contenu s’y concentre au fond dans cette proposition : le péché est entré dans le monde par un péché. […] C’est là un scan­dale, pour la raison, ergo ce doit être un mythe."
(Kierkegaard, Le concept de l’angoisse, Tel/Gallimard, p. 190-191.)

[Et à propos de la séduction du serpent (Gn 3) :] "Même si l'on veut traiter l'épisode de mythe, qu'on n'oublie pas pourtant qu'il ne contrarie point l'idée ni ne brouille le concept, comme le ferait un mythe rationaliste. Car le mythe extériorise toujours une action intérieure."
(Ibid. p. 207.)

"Vouloir expliquer l'entrée du péché dans le monde logiquement est une sottise qui ne peut venir qu'aux gens ridiculement soucieux de trouver coûte que coûte une explication."
(Ibid. p. 211.)